05/03/2021

Chinonais : la scène musicale toujours dans l'impasse

 

Chinonais : la scène musicale toujours dans l'impasse


Stéphane Archambault, au milieu des instruments, flight case et autres matériels dédiés à la scène.

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Réparateur et loueur d’instruments de musique ainsi que backliner pour les plus grands et les amateurs, Stéphane Archambault témoigne de l’impasse dans laquelle se trouve la scène musicale.

Quelques jours après l’annonce des mesures imposées pour la tenue des festivals d’été, les acteurs du monde de la musique et du spectacle peinent à digérer. Muets depuis quasiment un an, ils s’attendent à ronger leur frein encore quelque temps. À Avon-les-Roches, dans la campagne bouchardaise, Stéphane Archambault tente, tant bien que mal, de s’occuper, entre la Touraine et Paris, où une partie de sa société est basée. Et l’intéressé - gérant de l’entreprise SAT, spécialisée dans la conception et installation de spectacles ainsi que dans la réparation d’instruments - avoue ne pas chômer.
« Je ne suis pas fait pour rester dans un atelier »« Je ne suis pas dans la difficulté, la preuve c’est que je suis dur à joindre, ironise-t-il, tout en ouvrant la porte de son atelier, plein à craquer. Il devrait être quasiment vide en ce moment, mais sans tournée… » Au placard « Âge tendre », la tournée des idoles qu’il préparait avec AZ production avant que la pandémie n’éclate. Dans les locaux qui jouxtent sa demeure chinonaise, des dizaines d’instruments restent amassés, dans l’attente de repartir en tournée. À l’instar de Stéphane Archambault. « Je devais faire celle d’Oxmo Puccino, dont j’ai encore tout le matos. Tout ça serait en train de circuler sur les routes de France en temps normal… »

Référence en la matière sur une partie du Grand-Ouest et le centre de la France, il dit s’attendre au même refrain que l’été 2020, avec déjà 80 % de ses affaires annulées pour la saison estivale. « Montlouis (Jazz en Touraine, NDLR) va de nouveau passer de dix à cinq jours… Je sais que Fontevraud va tourner un peu, ils vont peut-être m’appeler pour monter de la scène et de la ferraille. Ce n’est pas l’activité la plus glorieuse mais je vais y aller, assure-t-il, tout en confiant faire entre 40 et 50 % de son chiffre d’affaires et qu’au-delà du problème d’argent que cela pourrait poser à terme, c’est davantage le manque de la scène qui se fait sentir. Je ne suis pas fait pour rester dans un atelier, même si c’est mon métier de base. J’ai toujours travaillé dans l’univers du spectacle parce qu’il y a la scène. C’est elle qui me fait bosser 80 heures par semaine l’été. »
Fabrique de flight case et conseil municipal pour s’adapterEn attendant de pouvoir remonter sur cette dernière, Stéphane Archambault va jusqu’à filer un coup de main pour gérer la régie afin que les conseils municipaux de Loches soient bien retransmis en direct vidéo, et continue de réparer des commandes mises de côté. Au fil des derniers mois écoulés, les prestations en termes de réparation se sont inversées, à défaut de grosses tournées.

« Généralement, je répare à 70 % pour les professionnels et 30 % pour les amateurs, mais aujourd’hui je travaille beaucoup plus pour les particuliers, souligne le natif de Richelieu, qui murmure à l’oreille des instruments et côtoie les plus grands, avec notamment à son actif une tournée auprès des Rolling Stones dans les années 2010. Je bosse pour qui veut me faire confiance. »

Ces dernières semaines, ce sont les gérants des principales scènes nationales de la région qui l’ont sollicité après que le backliner de SAT s’est lancé dans la fabrication de flight case, en installant des machines numériques dans son atelier de menuiserie d’Azay-le-Rideau. « On sait tous qu’il ne va pas y avoir d’été, il faut se réinventer, lâche celui qui n’attend plus du gouvernement qu’il donne le la et ne se fait guère d’illusion pour les prochains mois. C’est ce qui me sauve en ce moment, car même si les salles sont fermées, elles ont beaucoup investi dans le matériel parce que tous savent que la vie va reprendre un jour et qu’il faudra très bientôt penser à serrer sa ceinture… »

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