Emblème de la commune d’Avon-les-Roches, la collégiale des Roches Tranchelion surplombe le village de 500 et quelques habitants mais s’effrite au fil du temps.

Emblème de la commune d’Avon-les-Roches, la collégiale des Roches Tranchelion surplombe le village de 500 et quelques habitants mais s’effrite au fil du temps.
© (Photo NR)

Jugé dangereux, le site mythique d’Avon-les-Roches doit faire l’objet de travaux de sécurisation, au risque d’être fermé à la visite. L’expertise menée par la Conservation régionale des monuments historiques au printemps 2022 décidera de son sort.

Mercredi 15 février 2023, à Avon-les-Roches. Sur les coups de 16 h, une poignée de visiteurs grimpe jusqu’aux Roches Tranchelion. Parmi eux, Jean-Paul et Françoise sont venus exprès de Fondettes pour admirer le site qui surplombe le village d’un peu plus de 500 habitants et qui, il y a 570 ans, était le théâtre de la fin de la guerre de Cent ans (1).

Un lieu mythique, quasiment mystique lorsque, le 24 février 1966, un trésor monétaire est découvert suite à des travaux d’aménagement sur le site. Depuis, les visiteurs sont de plus en plus nombreux à s’y aventurer. « C’est une partie de l’histoire de France qui s’est écrite ici », sourient Jean-Paul et Françoise.

Un site qui s’effrite mais toujours ouvert au public

Preuve de l’importance patrimoniale et historique du site, la commune du Chinonais – un temps nommée « Avon » – optera pour son nom actuel en 1932, en référence à celui-ci. Malheureusement, la carte postale de la commune est un peu plus écornée au fil des années. Classée au titre des Monuments historiques en 1914 et vestige de cet ensemble castral du 15e siècle, la collégiale s’effrite.

Une érosion accélérée par les conditions climatiques, que déplore l’association des Amis des Roches Tranchelion. Créée en 2014 pour préserver et valoriser les lieux, cette dernière y a un temps organisé des animations mais s’est ravisée lorsque le site a été jugé dangereux. Aujourd’hui, elle demande « la préservation du site », toujours en accès libre, « et, ainsi, la mise en sécurité des visiteurs ».

« On est à la croisée des chemins, à un point de bascule, tranche Arnaud Farge, vice-président de l’association. Si on ne fait rien, on ne pourra plus transmettre ce patrimoine à nos enfants. » Transmettre, c’est justement ce que compte faire auprès de ses héritiers Alain de Bréon, propriétaire actuel des Roches Tranchelion.

L’association des Amis des Roches Tranchelion demande la préservation du site et la mise en sécurité des visiteurs.

L’association des Amis des Roches Tranchelion demande la préservation du site et la mise en sécurité des visiteurs.
© (Photo NR)

« Je suis conscient du problème »

Car si le site est visité par un large public, celui-ci est privé depuis la nuit des temps. Descendant direct de la comtesse de Villarmois, l’intéressé n’envisage pas de vendre mais se dit incapable de financer les travaux de sécurisation.

S’il sait sa responsabilité engagée en cas de chute de pierres sur un visiteur, le maire de la commune Pascal Blanchard voit, lui, dans la prise d’un arrêté de péril la fin des visites et une moindre attractivité de sa commune. « Je suis conscient du problème, martèle l’élu chinonais. Mais c’est au propriétaire de fermer, pas à moi de l’imposer. »

Un temps envisagée, aucune convention tripartite n’a finalement été signée. Face à cette impasse, le service de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) chargé de la conservation des monuments historiques a été sollicité et a mené une expertise au printemps 2022. Depuis, le propriétaire, le maire et les Amis des Roches Tranchelion attendent avec impatience le verdict, dans l’espoir d’y trouver une issue.

(1) Après avoir décidé de reprendre la guerre contre les Anglais qui ne respectaient pas les trêves de Tours signées en 1444, le roi de France Charles VII les boute définitivement hors de France en 1453.

Quid du rapport d’expertise de la Direction régionale des affaires culturelles ?

Dans ce « ménage à trois », Étienne Martegoutte, vice-président chargé du développement touristique, des musées et monuments patrimoniaux au sein du Département et référent du canton de Sainte-Maure-de-Touraine, fait office d’arbitre. Sollicité par le maire d’Avon-les-Roches et l’association des Amis des Roches Tranchelion, l’intéressé s’est alors tourné en 2022 vers le sous-préfet de Chinon et la Drac pour voir aboutir au plus vite les travaux d’entretien.
Si le rapport d’expertise de la Conservation régionale des monuments historiques se fait toujours attendre, un programme de travaux devrait être proposé au propriétaire et aux Amis des Roches Tranchelion, suite à la venue, une nouvelle fois, des services de la Drac, sur le site, le 26 janvier.
Des mesures qui restent « floues » pour l’association qui se dit prête à servir de relais pour trouver des financements et proposent de mettre en place une visite virtuelle avec QR code, en s’inspirant de ce qui a été fait pour le sanctuaire carolingien de Cravant-les-Côteaux.
De son côté, le maire d’Avon-les-Roches, Pascal Blanchard, l’assure : la décision prise lors du conseil municipal du 12 décembre 2022 d’installer une signalétique pour avertir les visiteurs du risque de chute de pierres et interdire l’accès à l’intérieur de la collégiale va être honorée prochainement.
Contactés par la NR, les services de l’État n’avaient pas donné suite au moment de rédiger ces lignes.